Si peu de livres sont consacrés aux jardins tropicaux, ici l’erreur est corrigée. Comme elle ne pouvait pas quitter les Antilles, la géographe Isabelle Specht a décidé de prolonger son voyage avec un livre, Jardins de Martinique. Ils sont aussi fascinants qu’exubérants, avec une histoire tourmentée remontant à l’époque coloniale, grâce à un travail de documentation qui a été patiemment mené pendant cinq ans. Une ode aux plantes, sur fond de plages dorées et de forêt tropicale.
La maison de Céron, l’une des plus isolées de l’île, possède un grand parc construit sur d’anciennes terres agricoles : un ruisseau rural serpente à travers des blocs de lave, un panorama qui rappelle le danger des éruptions de la montagne Pelée. A visiter immédiatement, aussi pour goûter la spécialité du restaurant, les crabes frais …
Il faut du courage pour être jardinier en Martinique … Dix ans que l’île aux fleurs n’avait pas connu de grand cyclone, et maintenant, en septembre 2017, le passage de la tempête Marie et de ses vents violents met fin au silence du vent. C’est toujours une épreuve », confesse Isabelle Specht. Beaucoup de jardins disparaissent, il faut donc beaucoup d’énergie pour les faire repousser. Cela explique aussi la façon dont les jardins sont conçus, non pas à long terme, mais spontanément », ajoute l’auteur des Jardins de Martinique. Publié aux Editions HC, le beau livre de ce géographe qui a un faible pour les Petites Antilles a un beau sous-titre, Un esprit de liberté. Une formule qui correspond au style des jardins exubérants et sans fioritures de la Martinique : « En Martinique, l’abondance des plantes est plus importante que la forme », dit Isabelle Specht. Tous les jardiniers de l’île finissent par succomber à la tentation d’avoir le plus de plantes possible dans leur jardin. »
Dans la maison de l’Anse-Latouche, le jardin fonctionne en contrastes : ici une impressionnante vague de croûtons, un peu comme une coulée de lave, à côté d’un impressionnant lit de bougies en cactus. Une véritable abondance de plantes, une ode à la nature environnante. A noter que cette très vieille maison, que l’on peut visiter aujourd’hui, est la plus ancienne de la Martinique …
Jardins massifs et boisés en Martinique
Le résultat est une plantation extrêmement étroite dans des jardins structurés verticalement, où la plantation échelonnée optimise l’espace et le nombre de plantes. Les plantes ont souvent des feuilles colorées : aussi importantes que les fleurs, les feuilles de la Martinique sont très populaires, comme les grandes feuilles du balisier des Caraïbes Heliconia caribaea ou le Ravenala madagascariensis, l’arbre voyageur, dont les feuilles en éventail sont un grand succès. La palette végétale de ces jardins luxuriants comprend également une multitude d’arbres fruitiers et de plantes alimentaires, comme les manguiers, dont l’histoire trouve ses racines dans le destin tourmenté des Indiens d’Occident : « Les Indiens ont été exterminés à l’arrivée des Européens, mais avant de disparaître, ils ont transmis leurs connaissances agricoles, tout comme certaines techniques agricoles ont été importées par les esclaves. »
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