Les mauvaises herbes, les herbes sauvages ou les herbes à gazon n’ont pas bonne réputation auprès des jardiniers, qui tentent constamment de contrôler leur propagation sur leur propriété. Pourtant, elles favorisent la biodiversité en fournissant de la nourriture aux insectes et aux oiseaux. Et si on changeait enfin notre regard sur les herbes sauvages au jardin ?
Les herbes sauvages, les maîtres de l’écosystème.
Pissenlits, trèfles, coquelicots …. Dès qu’ils apparaissent dans la pelouse, les jardiniers les chassent encore et encore. Le principal argument en faveur de leur éradication est d’ordre esthétique. Cependant, tous les types de plantes et d’animaux font partie d’un écosystème interdépendant. Cela signifie que toutes les plantes jouent un rôle.
Par exemple, les fleurs de ces plantes sauvages jouent un rôle primordial dans la nature : elles nourrissent les insectes pollinisateurs, qui sont indispensables à la pollinisation. En effet, ils assurent la reproduction des plantes, qui subissent un sérieux déclin en raison du « déclin actuel des pollinisateurs (40% des espèces documentées sont en danger d’extinction et 70% des insectes volants ont disparu au cours des 30 dernières années) », comme l’explique Pollinis.
Un rapport du Commissariat général au développement durable précise : » Au niveau européen, 80% des plantes à fleurs […] sont pollinisées par des insectes. Pour les espèces cultivées, 84% dépendent directement des insectes pollinisateurs. »
Les mauvaises herbes n’existent pas
Le nom « mauvaise herbe » vient de ses utilisations médicinales lointaines. Les herbes sauvages utilisées pour la guérison étaient alors appelées « herbes contre le mal », qui ont ensuite évolué en « malheurs » et enfin en « mauvaises herbes ». La famille des herbes sauvages comprend toutes les plantes indigènes ou introduites dont le stade de développement a échappé au contrôle de l’homme. Les mauvaises herbes sont injustement sous-estimées car elles offrent des qualités inattendues. D’ailleurs, saviez-vous que certaines d’entre elles sont comestibles ?
L’une des mauvaises herbes les plus connues est l’ortie, qui marque les sols riches en azote. C’est une plante hôte pour une cinquantaine d’insectes, dont le papillon volcan. En outre, l’ortie peut être utilisée comme un excellent remède contre les parasites et comme un engrais naturel. À son tour, le pissenlit nourrit les abeilles, les bourdons, les syrphes, les papillons et de nombreux autres insectes. Victime d’un déracinement compulsif, il est l’un des premiers à fleurir au printemps et le dernier à l’automne, offrant un garde-manger à plusieurs centaines d’insectes.
Changer le regard que l’on porte sur les herbes sauvages.
Comme le dit la Maison de la Nature, « la présence d’herbes sauvages dans une pelouse n’est pas un signe de négligence ». Prenons aussi le temps de nous interroger : les herbicides polluent les sols et les eaux. De plus, arracher systématiquement les herbes sauvages pour en venir à bout est une douce utopie. Par exemple : « Un bananier dissémine 40 000 graines par an, qui peuvent rester en dormance pendant 40 ans ».
Enfin, si vous laissez pousser l’herbe, vous pouvez ramener des essences sauvages sur votre propriété et encourager la diversité végétale. Graminées, pâquerettes, trèfles, pissenlits, coquelicots et autres orchidées sauvages sont autant de variétés qui peuvent y prospérer et jouer un rôle dans l’équilibre de la biodiversité.
Nourrir les insectes bénéfiques
Parce que les herbes sauvages fournissent des fleurs et des graines toute l’année, elles attirent et nourrissent de nombreuses espèces d’oiseaux et d’insectes. Rien n’attire mieux que les mauvaises herbes les papillons, les coccinelles, les chrysopes, les abeilles ou les mésanges, qui sont très utiles au jardinier en tant qu’insectes bénéfiques, dans le jardin. La marguerite, par exemple, est une source de nectar et de pollen pour les insectes pollinisateurs. Elle fleurit toute l’année et tient son nom de sa période de floraison active à Pâques. Le chardon est également une plante alimentaire grâce à ses nombreuses graines.
Il faut donc laisser des bandes de graminées dans les endroits où elles risquent de s’envaser : le long des haies, des murs, des chemins….. Ce sont autant de réserves écologiques nécessaires au cycle de vie de l’espèce.
Améliorer le sol
La qualité du sol est la base de la santé des plantes. Certaines plantes spontanées sont là pour aider le jardinier à améliorer le sol. Le trèfle, par exemple, est un excellent engrais qui améliore continuellement la qualité du sol. Il absorbe et stocke l’azote de l’air et des résidus du sol. Il améliore également la structure du sol. L’oseille commune, quant à elle, est un agent drainant naturel. Cependant, il ne faut pas la laisser semer, car elle peut rapidement devenir envahissante.
Des solutions pour faciliter la coexistence avec les zones cultivées.
Le paillage des massifs floraux, la hauteur de coupe de la pelouse (8 cm) ainsi que les plantes couvre-sol font partie des techniques non polluantes pour limiter la prolifération intempestive des herbes sauvages. Avec quelques astuces, les aménagements paysagers et les herbes folles peuvent coexister, évitant ainsi d’envahir les espaces cultivés.